Citation : Quand tu aimes quelqu'un, tu le prends en entier, avec toutes ses attaches, toutes ses obligations. Tu prends son histoire, son passé et son présent. Tu prends tout. Ou rien du tout.

« Poussez-vous ! » Il tempête, la regarde d’un air hautain et se trouve à deux doigts de taper du pied comme un enfant contrarié. Elle lève le regard vers lui, s’immobilise quelques secondes avant de se relever, son paquetage en main. C’est avec une lenteur étudiée qu’elle quitte la route pour laisser place à sa majesté ou tout comme. Derrière lui, un jeune homme un peu plus jeune que lui s’excuse du bout des lèvres, lui intime de se dépêcher, le regard inquiet passant de son compagnon à cette jeune femme. « Maintenant ! » Sa voix porte loin et le ton est sans appel. Si elle ne se pousse pas dans la seconde elle s’attend à quelques solutions radicales. Aussi se décale-t-elle de quelques pas sur le côté, la tête légèrement inclinée vers le sol. Son capuchon retombe sur ses épaules et elle ne prend pas la peine de le relever. Elle a envie de crier, à lui, à la face du monde qu’elle n’est pas une simple ordure que l’on jette un peu plus loin lorsqu’on en ressent le besoin. Qu’elle est un être humain, avec des désirs, des besoins, des joies et des peines. Mais elle se tait. Garde le regard incliné vers le sol, aussi voit-elle en premier lieu ses chaussures. Même elles indiquent clairement qu’il n’appartient pas à la même classe. Que fait-il ici, chez les Cendres ? Ca ne leur ressemble pas de venir ici. Elle comprend que c’est à cause des Quartz, qu’il fait parti des pacificateurs. Elle ne bouge pas lorsqu’il s’approche et relève la tête seulement parce que son index fait pression sous son menton. « Comment t’appelles-tu ? » Il a cessé de crier mais ce nouveau ton ne lui plait guère plus. Que fait-il ? Pourquoi s’abaisser à lui adresser la parole, la toucher ? Elle ne répond pas assez vite et il comprend qu’il lui fait peur, ou alors le lit-il dans ses yeux. Un vrai livre ouvert que disent constamment ses parents. « Je ne vais pas te faire de mal, seulement connaitre le nom de la propriétaire de ces yeux étincelants. » Elle reste sans voix, n’y croit pas. Lui a-t-il vraiment fait un compliment ? C’est surréaliste. Elle lève les yeux et croise son regard. Si elle y lisait à peine quelques secondes auparavant de l’impatience et de l’irritation, il n’était désormais que curiosité et attention. Il prêter réellement attention à elle, à ce qu’elle allait dire, attendait une réponse. Aussi s’exécuta-t-elle. « Nysil. » Il lui était inutile de préciser son nom de famille, il n’en avait eu vent. Personne n’en avait jamais eu vent. « Nysil, vous êtes une jeune femme à la beauté étourdissante. » Malgré elle, la brune se sent rougir, détourne le regard, gêné. Il se moque d’elle, il n’y a pas d’autres raisons susceptibles de lui faire tenir ce discours.

Un sourire en coin apparait sur les lèvres du jeune homme en réponse à son fard. Il semble trouver ça drôle qu’elle réagisse ainsi à un simple compliment. Il faut dire qu’elle n’en reçoit pas ici par ici. Ou du moins pas aussi bien formulé ni coulant aussi mielleusement entre deux lèvres. L’angoisse lui étreint les lèvres alors qu’elle ne sait que répondre. Doit-elle seulement dire quelque chose ou se précipiter dans sa couche pour le satisfaire ? Il est surement dans les capacités de l’y contraindre de toute façon, autant se porter volontaire. Si la théorie semble parfaite, la pratique elle ne semble pas vouloir se manifester. Elle se refuse à lui donner toute satisfaction. Il la prend surement pour un jouet, la désire comme trophée accrochée à son bras. Elle ne serait rien d’autre qu’un beau visage et s’y refuse. Faisant un pas en arrière, la demoiselle se libère de sa main qui s’était attardée sur son visage. Par pur esprit de rébellion, Nysil relève le regard et croise le sien tandis qu’elle se tient bien droite, le menton relevé, les épaules fières. Elle n’est peut-être qu’une manante pour lui mais elle n’est pas une moins que rien que l’on peut siffler avec deux trois mots d’esprit. Le sourire de l’homme n’en gagne qu’en intensité ce qui l’irrite au plus haut point. « Et vous êtes inconvenant. » Elle se fige immédiatement après avoir dit ces mots et se retint tout juste de mettre ses mains sur sa bouche. Non de Dieu elle était devenue folle ? Parler ainsi à une robe, un pacificateur qui plus est ! Quelle idiote. Il sépare la distance entre eux d’une enjambée et attrape son visage d’une main. « Je passe pour cette fois parce que tu n’as visiblement pas l’habitude d’être courtisé mais la prochaine fois que tu décides d’ouvrir tes jolies lèvres pour y sortir des insanités de ce genre, je me verrai dans l’obligation d’y mettre un terme. Le respect n’est pas une option. » Leurs nez se touchent presque tandis qu’il débite ces mots à voix basse, ses yeux rivés au sien. Un léger tremblement parcourt le corps de la belle au moment même où sa main le lâche et qu’il se retourne pour récupérer son valet. « Nous nous reverrons Nysil. Que tu le veuilles, ou non. » Il obtenait toujours ce qu’il désirait, il n’y avait pas de doute de ce côté-là. Et même si l’idée de le revoir lui donnait froid dans le dos, elle hocha la tête à son attention avant de le regarder s’éloigner. Un étrange pressentiment lui dit que ce n’est que le début.

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« Nysil. » Il baisse légèrement la tête pour la saluer tandis qu’elle lui offre un sourire de convenance. En le voyant immobile, elle comprend qu’il attend plus, beaucoup plus. Si l’idée de ne pas s’exécuter lui taraude l’esprit, elle finit pourtant par se baisser en une révérence du à son rang. En se relevant, elle croise le sourire satisfait qui fait brièvement apparition sur son visage et s’évanouit si vite qu’elle pourrait se demander si elle ne l’a pas rêvé. Il s’avance ensuite d’un pas et se retrouve confrontée à la belle qui n’a pas bougé d’un pouce. Le bas de sa robe frôle les mollets du grand brun tandis qu’elle lève la tête pour soutenir son regard. Il est hors de question qu’il passe la porte de sa maison. Elle lui épargnait sans doute une corvée qu’il n’avait de toute façon pas envie d’accomplir. « Je vous serai grès de reculer pour que je puisse, à mon tour, sortir de la maison. » Son regard se fit amusé mais il inclina la tête et plia à ses exigences en reculant d’un seul pas. C’était assez pour lui permettre de sortir sur le seuil et fermer la porte derrière elle. Ils se retrouvèrent dans une position similaire ce qui avait le don de la troubler plus que de raison. « J’aimerai vous inviter à diner. » Le vouvoiement était de nouveau de rigueur. Il fit un geste de la main et son valet s’approcha, quelques fleurs à la main qu’il lui offrit. « En gage de mon amitié, acceptez ces quelques fleurs. » Par réflexe, elle tendit la main et attrapa le bouquet avant de se rendre compte de ce que signifiait son geste. Elle avait accepté un cadeau de sa part. Quelle idiote faisait-elle. Pourquoi n’arrivait-elle donc pas à se comporter normalement lorsqu’il était dans les parages ? « Je passerai vous chercher demain soir. » Il lui offrit un sourire éclatant avant de se saisir de sa main pour la baiser. « Vous me voyez ravi de votre décision. » Il la lâcha lentement avant de se retourner pour quitter avec précipitation son quartier mal famé. Dans quoi s’était-elle encore embarquée ?

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Sa langue se perd entre ses lèvres, ses mains caressent sa peau lisse. De la peau, comment en sont-ils arrivés là ? Nysil s’écarte légèrement pour remarquer qu’ils sont désormais tout deux en sous vêtements et que leurs caresses se perdent dans des contrées encore non visitées. La panique menace d’enfler dans ses veines mais s’évanouit dès que sa langue trace le contour de ses lèvres, que son doigt glisse le long de sa colonne vertébrale, lui provoquant un frisson incroyable. Elle s’évanouit lorsqu’il décide de lui retirer les derniers bouts de tissus qu’elle possède en l’observant comme une merveille du monde. Elle s’évanouit lorsqu’elle se perd dans ses baisers. Elle s’évanouit lorsqu’il se retrouve fier dans toute sa nudité devant elle, lorsqu’elle ne peut retenir sa propre main d’aller chercher le détenant de son désir. Elle disparait lorsque son souffle se fait plus rauque, qu’il brise les dernières barrières. Elle disparait lorsqu’il murmure son nom, encore et encore et qu’elle hurle le sien à la lune lorsque le désir est trop fort. Et au matin, lorsqu’elle se réveille dans ses bras puissants, elle a totalement disparue.

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Il dépose une petite bourse au centre de sa main juste après lui avoir demandé de la lui tendre. Son regard fait la navette entre l’objet et lui avant de se poser sur la bourse. « Qu’est ce que c’est ? » Elle fronce les sourcils, imagine déjà le pire. Que pourrait-il y avoir de si terrible de toute façon ? « Une bourse. » Elle se figure parfaitement le sourire qui doit transfigurer son visage mais ne quitte pas la bourse des yeux pour vérifier. Elle est lourde et donc bien remplit. L’explication la plus rationnelle qu’elle trouve serait qu’elle contient de l’argent. « Pourquoi ? » Elle quitte finalement sa main des yeux pour lui préférer le chocolat envoutant de ceux de son ancien propriétaire. Il secoue négligemment la tête tout en se passant une main dans ses cheveux. Le geste gonfle joliment ses muscles ce qui la distrait de leur conversation durant quelques secondes lorsqu’elle se les imagine dans toute autre circonstance. « … Et le mieux que je puisse faire c’est … Nysil tu m’écoutes ? » Prit en flagrant délit, elle relève les yeux et rougit immédiatement en comprenant qu’elle avait loupé une partie de sa conversation. En voyant ses joues rosir, il part d’un éclat de rire, celui aux allures si masculines qui dit qu’il se rend parfaitement compte de l’effet qu’il lui fait et que ça le ravit. « Prend cet argent et déménage. » Ses parents venaient de mourir et elle pouvait à peine nourrir sa jeune sœur. Si elle avait vaguement envisagé la possibilité qu’il l’emmène sur son cheval blanc loin de son quartier, loin de Cendre, elle en prenait pour son grade. Ça lui apprendrait à se faire des plans sur la comète. Pour autant, elle sourit et hoche la tête. Qu’est ce que quelques pièces d’or pour lui au final ? « Merci. » Son sourire est un peu faux, le laisser en place lui fait mal au cœur. Ses lèvres se fanent lorsqu’il l’attire à lui pour la serrer contre son corps. Ne voyant plus son visage, la demoiselle se laisse aller à la déception mais chasse les larmes qui avaient affleurés dans ses yeux dès qu’il la libère. Pour autant, il semble voir ses yeux embués et caresse sa joue du revers de la main. « Ce n’est rien ma chérie, ça me fait plaisir. » Dieu du ciel, il ne comprend rien. Alors elle hoche gentiment la tête et le remercie encore une fois avant de tourner les talons pour rentrer chez elle la bile aux lèvres. Il lui fait la charité.

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« Où étais-tu ? » Son ton est glacial et suffit à déclencher une nuée de sueurs froides dans son dos. Elle relève la tête pour l’observer tandis qu’elle continue d’avancer vers lui. Se tenant devant chez elle adossé à son cheval, il la toise d’un air mauvais qu’elle n’avait plus vu chez lui depuis leur première rencontre. « Ailleurs. » Cela fait presque deux ans qu’ils se fréquentent régulièrement et quelques fois, il lui arrive d’oublier qu’elle n’est pour lui qu’un jouet qu’il use à sa guise. Mais il semble tout disposé à le lui rappeler comme en témoigne ses pas hargneux qui la mènent à elle et la claque sonore qui résonne dans l’allée. Sa tête part légèrement à gauche et les larmes lui montent aux yeux tandis qu’elle se redresse. « Le respect Nysil, le respect. » Elle hoche la tête et pose son regard au sol, entre ses deux pieds. Elle retrouve rapidement sa place qui était la sienne, une domestique, une inférieure, une cendre. « Je t’ai demandé où tu étais et tu vas me répondre. » Il s’avance pour lui relever violemment la tête avant de se plonger dans son regard. Ses lèvres tremblent légèrement alors que Nysil essaie de lutter contre les larmes. « Avec un ami. » Il la lâche si rapidement qu’elle tangue avant de se remettre droite. Tout en faisant les cent pas, il la fusille de temps en temps du regard tout au long de son discours. « Tu es à moi Nysil, à moi. Le premier qui pose les mains sur toi ne pourra plus jamais poser les mains sur autre chose étant donné que je les lui couperai c’est comprit ? Tu m’appartiens et tu ne PEUX PAS aller voir ailleurs. Tu n’es rien, rien d’accord ! Je t’ai donné tout ce que je pouvais, je t’ai sorti de la rue et c’est comme ça que tu me remercies ? Qu’est ce que j’entends alors que je suis tranquillement chez moi, que ma Cendres fréquente ces saletés de goules ?! » Elle crève d’envie de lui dire qu’elle ne lui appartient pas, qu’elle ne lui doit rien du tout mais garde le silence. « Je te préviens Nysil, si jamais je te retrouve chez eux, tu le sentiras passer. C’est comprit ? » Elle hoche rapidement la tête sans le regarder. « Disparais maintenant. » Elle ne se le fait pas dire deux fois et rejoint en trois enjambés sa maison dont elle claque la porte derrière elle alors que son combat contre les larmes penche en faveur de ces dernières.

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La peur lui tord les entrailles alors que le feu s’empare de la maison. Les cris des enfants résonnent dans ses oreilles tandis qu’elle en attrape un et sort précipitamment en évitant une poutre qui s’écroule du plafond. Nysil à l’impression que ses propres poumons sont en feu et que la cendre a remplacé l’air dans ces derniers. Elle parvient à l’extérieur et pose la petite fille avant de cracher ses poumons dans une toux sonore. Les mains sur les genoux, le corps penché, elle met plusieurs secondes avant de se relever pour se figer immédiatement. Devant elle, cinq pacificateurs se détachent de rue désormais déserte. La terreur laisse alors place à la peur lorsqu’elle pose les yeux sur celui qui semble à leurs têtes. Une expression épouvantée passe sur son visage lorsqu’elle prend note du sien, ses traits tordus par la rage pure. Derrière elle, Nysil aperçoit du coin de l’œil quelques Quartz qui se sont placés devant les enfants. Plaçant ses mains dans son dos, elle leur fait signe de courir. Ils connaissent les rues mieux que les pacificateurs, ils ont une chance s’ils rusent. « Maintenant ! » Elle crie cela alors qu’elle voit qu’ils ne bougent pas. Et dès que la dernière syllabe fuse de ses lèvres, la scène semble enfin s’animer. Son cher bienfaiteur se jette sur elle, ses amis se mettent à courir et deux pacificateurs partent à leur suite. Ensuite, le poing qui s’abat sur sa mâchoire la propulse au sol en l’empêchant de suivre la scène. Plusieurs coups de pieds suivent tandis qu’elle protège sa tête de ses deux bras et souffre en silence. La douleur est si forte qu’elle se perce la lèvre à trop la mordre pour ne pas crier. Il s’acharne sur elle mais n’en tirera aucun cri. « Je. » Coup. « T’avais. » Nouveau coup. « Prévenue ! » Encore un. Il finit par se baisser pour la relever mais se trouve être obligé de la soutenir car ses jambes refusent de la porter. Il la secoue comme un prunier avant de lui asséner le coup de grâce. Pendant un instant, la douleur lui vrille les tympans et le suivant, il n’y avait plus que les ténèbres.

Citation : Nous sommes tous à la recherche de cette personne qui nous apportera ce qui manque dans notre vie. Et si on ne parvient pas à la trouver on n'a plus qu'à prier pour que ce soit elle qui nous trouve...

Le son de son épée qu’elle tira du fourreau attira l’attention des trois hommes qui lui tournaient le dos mais un seul se détourna pour observer qui en était l’instigateur. En voyant la jeune femme, il part d’un rire gras ce qui l’irrite au plus haut point. Coincé contre un mur, ce qu’elle avait reconnu comme un Quartz était au prise de ces trois brigands bien décidés à le dépouiller du peu qu’il devait posséder. « La fête est terminée, maintenant vous allez partir. » Sa voix est assurée, elle ne tremble pas alors qu’elle se met en garde. Tous finissent par lui faire face, grand bien leur en fasse. En moins d’une minute et sans trop qu’elle comprenne comment, les trois brigands s’étaient retrouvés à terre. Ne jamais tourner le dos à un homme qui mesure près de deux mètres et qui a des avants bras aussi gros qu’une taille d’enfant. Elle en reste bouche bée quelques instants avant de réussir à bouger et rengaina son épée. Elle était heureuse de ne pas avoir eu besoin de s’en servir, même si elle n’aurait pas hésité. Nysil connaissait les bandits du quartier, il s’en prenait à n’importe qui tant que la supériorité numérique faisait légion. « C’était courageux. Stupide et inutile, mais courageux. » Le Quartz enjamba un voleur avachi sur le sol pour s’approcher d’elle et lui tendre sa main. « Toralin, enchanté. » Elle essuya sa main légèrement moite sur sa robe avant de la glisser dans l’énorme paluche de Toralin. « Nysil. De même. » La jeune femme lui offrit un sourire timide, ne sachant vraiment comment se comporter face à lui. Il ne semblait pas le moins gêné du monde d’avoir été importuné dans sa promenade et ne trouvait absolument pas étrange qu’une damoiselle aux allures rachitique dégaine pour lui venir en aide. Comme si cela faisait parti de son quotidien. Ce qui était sans doute le cas. « Je me sens étrangement redevable envers vous aussi j’aimerai vous offrir un thé. J’habite tout près. » Il désigna la rue suivante du doigt et elle savait que se trouvait non loin le quartier principalement habité par ses pairs. Les yeux légèrement écarquillés par la surprise, elle finit par accepter en hochant la tête. « Bien sur, pourquoi pas. » Après tout qu’est ce qu’il pouvait bien lui arriver de si terrible. Si le géant avait voulu la tuer, elle savait de source sure qu’elle serait déjà morte. Il lui adressa un sourire qui devait se vouloir bienveillant mais qui était quelque peu effrayant sur lui et commença à marcher d’un bon pas. Elle du presque courir pour rester à sa hauteur et lorsqu’il s’en rendit compte, il ralentit galamment l’allure tout en commençant une conversation à l’allure badine. « Alors Nysil, vous parcourez les rues à la recherche d’un homme à secourir ou vous vous trouviez là par hasard ? » Un léger sourire étira ses lèvres tandis qu’elle lui répondait calmement. Il arrivait à ne pas la mettre mal à l’aise ce qui n’était pas donné.

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« Appelle moi Tori, j’ai l’impression d’entendre ma mère sinon ! » La jeune femme se permit un rire tout en s’installant confortablement dans les hautes herbes. Après un moment à essayer de trouver une position confortable, elle finit par s’allonger pour disparaitre totalement dans la verdure. A peine quelques secondes après, il fait de même et sa tête se retrouve près de la sienne alors qu’ils observent tout deux le ciel. « Je me demande s’il y a quelque part dans le monde, un endroit où les gens sont plus heureux qu’ici. » Sa voix s’était faite plus douce, légèrement teintée d’espoir. Si, ailleurs, il y avait un endroit où il faisait bon vivre, alors l’espoir de partir loin d’ici et de quitter cette vie pouvait subsister. « Je pense que l’on peut être malheureux partout. » Il n’avait pas vraiment tord, le bonheur n’était finalement qu’une question d’appréciation, de se sentir en sécurité, aimé, chéri. Ce qu’elle était loin de ressentir ici. Ses parents étaient certes présents pour elle mais très vite il avait fallu qu’elle subsiste à ses besoins pour ne pas devenir un boulet à la cheville de ses parents. « J’ai peur. » Elle avait l’impression de passer sa vie dans la peur. Celle d’être tué à chaque instant alors que l’on tentait de dérober son argent. Celle de se voir emprisonnée dans une vie avec un robe qu’elle ne voulait pas, celle d’être prit en embuscade alors qu’elle était avec les Quartz. Tout était devenu si compliqué. Quand est-ce que sa vie avait-elle bien pu virer au cauchemar. « Rien ne t’arrivera tant que je serai là. » Il lui attrapa la main et entrelaça ses doigts au sien tandis qu’une larme brillait le long de sa joue. Elle ne comprenait pas pourquoi, ni comment, mais la peur reflua un peu alors que leurs mains se pressaient l’une contre l’autre. Ils restèrent silencieux pendant de nombreuses minutes mais ce n’était pas pesant. Au contraire, c’était parfait.

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« NYSIL ! NYSIL bordel reste avec moi ! » La brune eut l’impression qu’on lui parlait à travers une grande piscine, les voix lui paraissaient si lointaines. « Nysil, ouvre les yeux. » Elle comprit que c’était elle que l’on appelait mais le reste était trop flou, elle avait du mal à se concentrer. Elle avait l’impression de flotter entre ici et là bas, plus rien ne comptait vraiment. Elle n’était ni heureuse, ni triste, c’était comme si les sentiments n’avaient pas leurs places ici. « N’abandonne pas Nysil, ne le laisse pas gagner ! » Elle sentit qu’on la soulevait et soudainement, se retrouva de nouveau à l’intérieur de son corps. Il lui fallut moins d’une demi-seconde pour le regretter, le temps que la douleur se rappelle à elle. La brune ne put retenir le cri de souffrance qui sortit de ses lèvres tandis qu’on la transportait. Elle avait l’impression que chaque partie de son corps était un pic de souffrance. Il lui fallut de nombreuses secondes pour comprendre que les bruits qu’elle entendait n’étaient pas les murmures de la rue mais Tori qui répétait en boucle qu’il était désolé. Pourquoi ? Ce n’était pas à cause de lui qu’elle se retrouvait dans cet état là. « Ça va. » C’était faux, elle n’allait pas et en entendant le son rauque de sa voix, elle comprit que personne n’y croirait. « Nysil. » Il ne s’était pas réellement rendu compte qu’elle était consciente, preuve que ce n’était surement pas la première fois qu’elle criait. Elle fit de son mieux pour esquisser un sourire mais le résultat ne du pas être satisfaisant vu le bruit de souris qui suivit. « Ça va aller Nysil, je vais prendre soin de toi maintenant. » Il était là, Tori était là, elle ne craignait plus rien désormais. Sa présence était réconfortante et si la douleur était toujours cuisante, sa panique avait disparue. « Repose toi Nysil, je suis là, je suis là. » Il déposa un baiser sur son front qui se retrouva être réconfortant et les paupières toujours closes, Nysil finit par succomber à la douleur et tomba dans les pommes.

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Lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir, Nysil ouvrit les yeux et découvrit Tori s’avancer vers elle, les traits tirés. Les cernes sous ses yeux indiquaient qu’il n’avait pas dormi depuis bien longtemps. Au prix d’un certain effort de volonté, elle se décala vers la droite, lui laissant ainsi une place pour s’allonger à ses côtés. Elle remarqua qu’il hésita un instant avant de finalement prendre place à ses côtés en soupirant. La belle serra des dents lorsque le matelas bougea sous elle, ravivant ses blessures en cours de guérison. Cela faisait quatre jours qu’elle se remettait tant bien que mal. « Tu l’as vu ? » Elle tourna la tête vers lui juste à temps pour le voir hocher la tête. Il avait fermé les yeux mais les ouvrit de nouveau en tournant à son tour la tête. « Elle était en bonne santé, je lui ai donné ce que j’ai pu. » Nysil esquissa un léger sourire et rapprocha sa tête de Tori pour poser son front sur le sien. « Merci. » Alitée, elle ne pouvait pas s’occuper de sa sœur et avait plus ou moins harcelé le Quartz jusqu’à ce qu’il consente à aller la voir. « Des nouvelles ? » Depuis son attaque, ils n’avaient retrouvés que deux des Quartz qui étaient dans la maison avec elle. Après quatre jours de recherche, il était désormais certains qu’ils avaient rendus l’âme, ce qui expliquait le moral de Tori. Elle frôla son nez de ses lèvres et bougea légèrement pour lui serrer la main. « Je suis vraiment désolée. » A sa surprise, un rire sardonique s’échappa des lèvres du grand brun lui faisant froncer les sourcils. « Tu es désolée ! Ta vie était menacée parce que tu étais chez nous, tu t’es toi-même jetée en pâture pour qu’il se concentre sur toi plutôt que sur les enfants et tu trouves le moyen de dire que tu es désolée ! » Elle avait suivit le raisonnement mais ne comprenait pas vraiment ce qui le mettait dans cet état. « C’est moi qui suis désolé Nysil. Moi qui suis désolé que tu te retrouves dans cet état à cause de nous. Moi qui suis désolé de ne pas avoir été là, ne pas avoir pu te protéger. » Ainsi elle comprit de quoi il était réellement question. Elle lui serra la main et posa une main sur la joue de Tori. « Tu n’aurais rien pu faire si ce n’est mourir. Ce n’est pas ta faute, mais la leur. Tu n’as rien fait si ce n’est exister, et ce n’est pas un crime. » Sa voix était douce et si légère que s’il n’avait pas été si près il n’aurait pas entendu. Elle aperçu un vague sourire sur ses lèvres tandis qu’elle lui caressait la joue. « Ce n’est pas ta faute. » Une larme mouilla légèrement son doigt et elle s’empressa de l’essuyer. « Ce n’est pas ta faute. » Elle continua à la caresser en lui répétant ces mots jusqu’à ce que sa respiration calme lui apprenne qu’il s’était assoupi. Bougeant avec milles précautions, elle se recroquevilla contre son corps chaud et sombra à son tour dans les bras de Morphée.

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« Il est si fort ! » La voix pleine de ferveur qui venait de sa droite lui fit tourner la tête pour découvrir une jeune femme plus grande qu’elle d’une dizaine de centimètres. Au premier abord, elle semblait dénuée de tout défaut mais à y regarder d’un peu plus près, sa lèvre inférieure était un peu moins gonflée que la supérieure. Oui, elle en était réduite à chercher la petite bête tant la blonde était splendide. Une véritable amazone tout en courbes charnelles. « Hum hum. » C’était le plus qu’elle puisse faire en la situation puisque c’était Tori qu’elle regardait avec ses yeux de biche. La blonde du sentir la tension qui s’était emparé de Nysil à ses paroles puisqu’elle fit une ou deux fois la navette entre eux. « Oh, vous êtes ensemble ? » La brune releva la tête qu’elle avait baissée pour l’observer. Elle se sentit rougir tandis qu’elle bafouillait sa réponse. « Hein ? Quoi ? Avec Tori ? Non, non, non. » Non pas que l’idée lui déplaise à ce point, bien au contraire mais ce n’était pas ainsi entre eux. Même s’ils ne se quittaient quasiment peu depuis qu’elle avait failli mourir après l’attaque d’une de leur demeure, il ne s’était rien passé entre eux. « Oh, vu que tu as … Enfin j’en ai déduit que vous étiez ensemble. » Elle esquissa un léger sourire gêné qui se répercuta sur les lèvres de Nysil. « Oui mais non. » Elle crevait d’envie d’envoyer son poing dans la mâchoire de l’amazone ne serait-ce que pour envisager la possibilité d’aller faire du gringue à Tori mais se retint tout juste. Après tout elle n’avait encore rien fait et elle ne pouvait pas décemment en vouloir à la blonde de fantasmer sur un homme pareil. « En ce cas, excuse-moi. » Son sang ne fit qu’un tour dans ses veines et elle dut agripper la chaise sur laquelle elle était assise à deux mains pour s’empêcher de s’élancer à sa suite et de l’arrêter. Mais elle gagna la bataille et resta là, à l’observer faire usage de son charme sur le grand brun. Elle imagina au moins une dizaine de morts possibles pour la jeune femme au fur et à mesure que le rire de Tori se faisait plus important. Elle mit un certain moment à comprendre qu’on lui parlait et par ce fait qu’elle était impolie mais ne pouvait détacher ses yeux de l’amazone en pleine action. C’était comme regardait un accident de train, dérangeant mais elle ne pouvait pas regarder ailleurs. Au final, il hocha la tête une dernière fois avant de poser son regard sur elle. « Nysil, on bouge. » Non mais il se prenait pour qui, l’homme de Cro-Magnon ? Elle lui lança un regard assassin tandis que ses jambes bougeaient déjà pour le rejoindre. Il haussa un sourcil interrogateur qui lui valut une double dose du regard noir mais il finit par tourner les talons et quitter la maison. Elle salua les habitants avant d’en faire de même pour rejoindre un autre toit pour la soirée, il ne voulait prendre de risque et l’installer définitivement alors la faisait voyager entre les maisons. Paranoïaque, c’était ce qu’elle dirait si on lui demandait son avis mais comme ce n’était pas le cas…

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« Tiens, t’as semé ta blonde ? » Son ton acerbe n’était pas voulu mais le savoir avec elle l’avait rongé toute l’après midi et elle était littéralement à deux doigt d’exploser. Il pouvait s’estimer heureux qu’elle s’était raisonnée quant au fait de lui sauter dessus dès qu’il passerait le seuil de la maison. « De quoi tu parles ? » Il jeta son pardessus sur sa chaise avant de s’y laisser tomber à son tour. « L’amazone tu sais, grande, blonde, des courbes à faire pâlir un saint. » Elle le regardait avec l’envie de le découper en petits morceaux, plus encore lorsqu’un sourire apparu au coin de ses lèvres lorsqu’il la replaça. « Ah, Caspi. » Ah ce point là, sa jalousie crevait tous les plafonds et elle ne put contrôler sa main qui s’empara du livre devant elle qu’elle lui jeta dessus. Il rebondit sur son épaule avant d’atterrir au sol au moment où il commençait à se plaindre. « Eh ! Mais qu’est ce qu’il te prend ? » Il s’était relevé et l’observait avec attention tout en se massant son épaule endolorie. Cette vision la réconforta juste avant de faire retomber toute la pression. « Je t’ai fait mal ? » Sa voix se faisait inquiète tandis qu’elle s’avançait vers lui. Il lui jeta un regard noir mais ne bougea pas. « Ouais, ça fait cet effet là souvent quand on lance des objets sur quelqu’un. » Regard noir qu’elle lui rendit mais elle se sentit rougir ce qui gâcha quelque peu l’effet. « Je suis désolée c’est juste que… » Elle soupira tout en lui tournant le dos, les bras croisés sur sa poitrine. Elle ne savait quoi dire. Lui révéler qu’elle était jalouse jetterait un froid entre eux ou changerait de manière conséquente leurs relations. Inventer une raison quelconque raison à sa soudaine colère ne ferait que l’intriguer un peu plus étant donné qu’elle était une piètre menteuse. « Elle n’est pas nette. » Va pour le mensonge. De toute façon au point où elle était, s’enfoncer un peu plus, un peu moins … Elle garda son dos tourné vers lui pour ne pas qu’il puisse voir son visage. Avec un peu de chance il ne comprendrait pas qu’elle lui racontait n’importe quoi. « Qu’est ce que tu racontes ? » Il avait l’air légèrement inquiet, comme s’il s’attendait à ce qu’elle lui révèle qu’elle l’avait vu pactiser avec l’ennemi ou un truc comme ça. Elle s’en voulut immédiatement de lui raconter n’importe quoi en voyant qu’il apportait tant d’importance à ce qu’elle disait. Elle prit alors une grande inspiration et se tourna vers lui. « Elle est blonde, grande, belle comme une déesse, je suis jalouse, c’est plutôt évident non ? » Visiblement non vu la tête qu’il fit. Elle eut le temps de compter jusqu’à cinq pour qu’il reprenne et à peine jusqu’à deux avant qu’il ne s’avance vers elle pour l’embrasser. C’était passionné, violent, puissant, parfait. Elle se recula quelques instants plus tard, le souffle court, les joues rougies par la chaleur qui s’était emparée d’elle. Elle ouvrit la bouche pour lui parler mais il la prit de vitesse. « Je reviens, ne bouge pas. » Avant qu’elle ne fasse le moindre pas, il avait récupéré sa veste et quitté la maison. Merde.