1 ▷ Elyon ne fait aucune différence entre les Perles et les Cendres, elle estime que les deux partis sont identiques. Cependant, elle est hostile à la présence des Quarts depuis la mort de son frère, tué lors d'une dispute entre deux Quartz. 2 ▷ Son piston chez les Pacificateurs est Siloë Allivya Pendar. Inutile de dire qu'Elyon lui voue une admiration sans bornes et qu'elle ne la remerciera jamais assez de lui avoir laissé sa chance de faire ses preuves. 3 ▷ D'un caractère assez indépendant, elle déteste les rassemblements religieux, qu'elle trouve barbant. Elle préfère de loin l'activité grouillante de la ville Cendre. 4 ▷ Elyon aime les animaux plus que les êtres humains, ce qui désespère ses parents, qui aimeraient faire d'elle une demoiselle de bonne société. 5 ▷ Elle déteste l'inactivité et les réunions barbantes, tout comme elle n'aime pas qu'on décide de sa vie. Elle rêve actuellement d'une Armure, peu attirée par l'immobilisme pédant des Robes. 6 ▷ Assez garçon manqué, porter des robes l'ennuie, même si elle le fait parce que c'est la règle. Elle préfère les armes au tricot, les chevaux à la politique, la chasse aux discussions oiseuses. 7 ▷ Elle ment comme elle respire. Enfin, elle ment très bien, et a toujours en tête deux ou trois scénarios qui tiennent la route à sortir aux curieux. 8 ▷ Elyon se targue d'être intègre. Cependant, elle est très influençable, et naïve sur bien des points. Il suffit de très bien tourner la chose pour la faire changer d'avis, même si elle est têtue comme une mule. 9 ▷ Elle est très douée au tir à l'arc et au lancer de poignard, notions qu'elle tient de son frère. Elle apprend le corps à corps avec le maître d'armes de sa famille, mais préfère quand même la distance. 10 ▷ On la compare souvent à un chat sauvage, ce qu'elle apprécie beaucoup. Le chat est d'ailleurs son animal préféré.

▷ LE COMMENCEMENT.
« Caleb, Caleb, regarde ! Il crache du feu ! » « C’est normal chaton, c’est un cracheur de feu. » A peine moqueur, il lui ébouriffa les cheveux avec un léger sourire, celui qui faisait craquer toutes les filles, sa petite sœur y compris. Caleb attrapa sa petite sœur par la main pour rentrer à la maison, pendant que la petite fille de dix ans pépiait d’allégresse. « Plus tard, je serai cracheuse de feu ! » Il rit. « J’espère qu’on ne croisera pas un chasseur de méduses en chemin alors ! » La petite fille tira la langue à son grand frère. Elle changeait tout le temps d’avis à chaque fois qu’elle voyait un truc cool. Un guerrier l’étonnait de ses passes d’armes ? Elle voulait devenir guerrière. Un mage l’impressionnait en éteignant les lumières ? Elle voulait devenir mage. Un cracheur de feu la subjuguait de ses tours ? Elle voulait devenir cracheuse de feu. « Et toi, Caleb, tu veux être quoi ? » Le beau blond, soudain grave et sérieux, baissa les yeux vers sa petite sœur. « Ce ne sont pas des questions qui se posent, Elyon. Le choix d’un aspirant n’est révélé qu’à la Cérémonie de la Lune Chaude. » Elle haussa les épaules, insolente. « Moi ça m’intéresse, de savoir ce que tu veux être. C’est nul de ne pas pouvoir en parler avec sa famille et de devoir choisir tout seul sans pouvoir demander de conseils à personne. Moi, quand je serai aspirante, je te demanderai des conseils, même si je n’ai pas le droit. » Caleb esquissa un sourire, attendri par l’implacable intelligence de sa sœur. « Tu ne diras rien à Père ? » « Promis ! » « Je veux être Armure. » Elle s’immobilisa, surprise, la bouche ouverte en un o parfait. « Une … Une Armure ? » Il opina du chef et lui ébouriffa une nouvelle fois les cheveux. « Rappelle-toi, chaton, pas un mot à Père. »

▷ LA MORT.
Elyon se tenait droite, fixant la tombe où gisait son frère. Une tombe luxueuse, coûteuse, qui ne ramènerait jamais Caleb, ses sourires, sa bonne humeur. Inexpressive dans sa robe verte, elle regardait le nom de son frère avec une distance troublante. Elle n’arrivait pas à se dire qu’il était mort, qu’elle ne le reverrait jamais. Elle avait tout juste douze ans, et sa seule famille était son père, père qu’elle méprisait parce qu’il se transformait en carpette devant les puissants, et tous les Perles, au moins, étaient plus puissants que son père. Ce père qui la poussait à être Robe Géographe. Ce père qui … « Il aurait fait un bon Géographe. » Ce père qui n’avait même pas su voir que son fils aîné ne se plongeait dans la cartographie que pour apprendre à se repérer avec les planètes et les distances entre les villes. Elle haussa un sourcil, mais ne dit rien. Finalement, il tourna les talons et partit, la laissant seule devant la tombe. Seule, avec l’ami de son frère. « Comment il est mort ? » L’aspirant leva les yeux vers elle, soupira, et rendit les armes. « On voulait voir les Glauques. Enfin, les Quartz. Il y a eu une violente dispute entre deux Quartz, on s’est retrouvés mêlés dedans. Ton frère a pris un coup de poing, il est mort sur le coup en tombant. Coup du lapin. » Elle hocha la tête, sombre. « Le sujet de la dispute ? » L’aspirant haussa les épaules. « Aucune idée. » Il se tut. Elle ne reprit pas la parole, fixant toujours la tombe. Finalement, ce fut lui qui reprit. « L’empereur a fait une grave erreur en laissant ces monstres entrer en ville. Ils auraient du rester dans la forêt, là où est leur véritable place. Personne ne s’opposera donc à eux ? » Si. Elle, elle s’opposerait à eux. L’aspirant finit par partir, la laissant seule devant la tombe. Finalement, elle se pencha, posa la rose blanche sur la tombe, et laissa une larme couler le long de l’arête de son nez. « Je te vengerai, Caleb. Promis. »

▷ LA RENCONTRE.
Ce fut très tôt qu’elle quitta l’académie des aspirants. Elle en avait marre. Franchement marre. Les Perles vivaient recluses sur elle-même, comme s’il n’y avait qu’elles et personne d’autre autour. Pas de Cendres, et pas de Quartz, mais bon, ces derniers on s’en passe. Il y avait déjà assez de chiens errants en ville, pas besoin de ramener les bêtes de la forêt en plus ! Elyon s’était rendu compte qu’elle n’aimait pas les Quartz, qu’elle les détestait. Et qu’elle cautionnait les actes terroristes des Pacificateurs. Son père, comme tous les Perles, s’en fichait éperdument, vu que ce n’était pas chez lui qu’étaient posées les bombes. Rapidement, elle descendit l’escalier, ne s’embêtant plus de compter les marches, et pénétra dans la ville Cendre comme si elle était chez elle, et non pas une habitante de la ville du dessus, l’inaccessible ville des riches, l’opulente ville Perle. La tête dans les nuages, elle réfléchissait à ce qu’elle voulait faire de sa vie. Géographe ? Certainement pas. Alors qu’elle se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir faire en grandissant, elle heurta quelqu’un, qui tomba avec un grognement, étalant son chargement au sol. « Tu ne peux pas regarder où tu vas, non ?! » « Oh, je suis désolée, je suis désolée, attendez, je vais vous aider … » Aussi sec, Elyon se pencha, aidant la femme à ramasser son chargement, pas du tout dégoûtée en prenant la viande crue et sanguinolente à pleines mains. Puis elles se redressèrent, et la femme, une très jolie rousse, sembla remarquer qu’elle venait d’insulter une Perle, vu qu’elle avait pâli un peu. « Oh, je … Veuillez m’excuser, mademoiselle. » Elyon, naturelle, leva un sourcil. « Vous excuser ? C’est plutôt à moi de m’excuser, je vous ai renversée quand même ! Vous pourrez toujours la vendre, cette viande ? » Un regard sur la viande leur apprit que non. Elle était pleine de terre, et même un lavage ne la rendrait pas mangeable. Elyon se mordilla la lèvre, très gênée. « J’ai de l’argent sur moi, je vous paierai tout ce qui ne pourra pas se vendre, pour me faire pardonner. » Surprise et méfiante, la Cendre opina du chef, et l’entraîna dans les ruelles d’AnkNor vers son magasin, une boucherie. Et comme promis, elle remboursa la Cendre en lui achetant chaque pièce invendable au prix convenu, sans chercher à discuter. Pour la remercier, la Cendre la raccompagna jusqu’aux portes de la ville Perle, en papotant un peu avec elle. Ce n’est qu’au moment de partir qu’elles échangèrent leurs noms. « Je m’appelle Elyon, et toi ? » « Allivya. Mais tu peux m’appeler Ivy, comme tout le monde. » Elyon opina du chef avec un sourire. « Eh bien j’espère qu’on se reverra, Ivy ! »

▷ LA DECOUVERTE.
Elyon courait dans la ville Cendre, usant ses souliers sur le sol pavé crotté. Il fallait qu’elle parle à Ivy. Ce qu’elle pensait sur elle depuis quelques temps s’était avéré exact, mais elle voulait entendre Ivy le lui dire de vive voix. Lui dire de vive voix que … Qu’elle est une Pacificatrice. Plusieurs choses sautaient maintenant aux yeux de la Perle. Le fait qu’Ivy l’ait emmenée près de la ville Quartz pour voir ses réactions, qu’elle lui ait posé des questions sur son frère et les circonstances de sa mort, qu’elle ait toujours quelque chose à faire dans les quartiers où il se passait quelque chose d’important, comme un attentat ou un meurtre de Quartz. Elle pénétra dans la boucherie, vide, où Ivy était accoudée au comptoir en attendant un client. Elle fit un sourire chaleureux à Elyon quand elle entra, mais cette dernière se passa des formules de politesse usuelles. « Dis-le-moi ! » Ivy leva un sourcil, intriguée. « Mais certainement, Elyon ! Te dire quoi ? » Elyon referma la porte derrière elle et baissa d’un ton, prudente. « Tu ne trouves pas ça bizarre qu’à chaque fois que tu aies rendez-vous quelque part avec tes amis, il y ait un attentat ou des meurtres ? C’est peut-être un hasard, mais le soir où tu as eu rendez-vous au Siffleur, les journaux parlaient d’un meurtre dans ce même bar le lendemain ! Pareil quand tu es allée au Fang Edenté, ou au Coureur des Bois ! Arrête-moi si je me trompe, mais tu ne serais pas … Pacificatrice ? » Ivy n’affirma pas, mais ne récusa pas non plus, se contentant d’un léger sourire mystérieux et d’un mouvement de la main pour l’inviter à s’approcher. Subjuguée, Elyon s’approcha, tirant un tabouret bancal vers le comptoir pour s’asseoir. « Explicite donc le fond de ta pensée ? » Elyon plissa les yeux. Elle lui fait quoi là, un interrogatoire ? Cependant elle s’exécuta, cherchant ses mots avec soin. « D’abord, tu m’as fait parler de moi. De ma famille. Quand tu as su que mon grand frère avait été tué dans une bagarre entre deux Quartz, tu t’es mise en tête de me faire visiter la ville, et le quartier Quartz. Puis tu t’es mise à me lancer des indices, en me disant où tu allais, pour que je remarque que le lendemain on parlait de meurtres ou d’attaques à cet endroit-là. Pour que je devine que tu es Pacificatrice. » Ivy ne broncha pas. Elyon ne termina pas sa phrase. Pour qu’elle devine qu’Ivy est Pacificatrice … Et qu’elle se pose la question de si elle voulait ou non les rejoindre. Voulait-elle les rejoindre ? Voulait-elle tuer ? L’image de son frère flotta devant ses yeux. Oui, elle voulait tuer, dut-elle endeuiller d’autres familles. Des familles monstrueuses, des Quartz, non, des Glauques. Elle se pencha vers la rousse. « Je ne sais pas si tu es restée avec moi parce que tu m’aimes bien ou parce que je représente un intérêt potentiel, et je ne veux pas le savoir. Mais je veux rentrer chez les Pacificateurs. Je le veux. Vraiment. » Enfin, la rousse hocha la tête, comme satisfaite, comme si elle venait de passer avec brio la première épreuve d’un test commencé à sa naissance. « Viens ici ce soir, à minuit. Je te présenterai des gens qui sauront répondre à tes questions. »

▷ LE TEST.
Deux mois. Cela faisait deux mois qu’Allivya lui avait présenté cet homme qui saurait répondre à ses questions, mais qui en fait l’avait laissée avec encore plus de questions en tête. Elle ne l’avait même pas vu. Elle était en pleine lumière, et lui dans l’ombre. Il lui avait demandé son nom, son âge, ses motivations. Elle lui avait expliqué que les Quartz avaient tué son frère dans une dispute de bar. Et que non, son frère n’était pas impliqué dans la dispute. Qu’il s’était juste trouvé là parce qu’il voulait rencontrer ces fameux Quartz, et qu’il y avait trouvé la mort, et qu’elle avait promis sur sa tombe qu’elle le vengerait. Il lui avait posé des questions sur sa vie. Elle avait répondu qu’elle était de la basse caste des Perles, qu’elle était une jeune aspirante, que son père voulait qu’elle devienne Géographe mais qu’elle n’en avait aucune envie. Et qu’elle ne savait absolument pas quel chemin choisir. Puis les questions s’étaient faites plus pointues, plus techniques. Le quartier où elle vivait. Ses aptitudes. Ses préférences. Si elle se levait tôt. Si elle se couchait tard. Si elle avait des amies, ou un éventuel petit copain. Elyon avait répondu sans sourciller, admettant même qu’elle mentait avec une aisance sans bornes et qu’elle était aisément manipulable, la preuve. Quand il lui avait demandé si elle pourrait tuer un homme de sang-froid, elle avait franchement répondu n’en avoir aucune idée, mais qu’elle pourrait toujours servir en bien des manières. Il avait eu l’air satisfait, et l’avait laissée partir, non sans omettre de la qualifier de novice. Pendant ces deux mois, on lui avait finement fait passer quelques tests. Colporter des ragots dans son école, ramener les impressions de chacun, faire le guet une soirée, puis une autre, puis distraire un groupe pendant que d’autres Pacificateurs s’affairaient dangereusement non loin. Puis, la rousse lui avait donné le même ordre, venir à la boucherie à minuit. Elyon s’était exécutée. Ivy l’y attendait. « Où on va ? » « Tu verras. » Elyon se tut, se contentant de la suivre. La rousse la mena à travers les dédales des égouts, et finalement, l’abandonna devant un homme vêtu d’un long manteau brun avec une capuche, qui lui fit signe de la suivre. Il la mena dans ce qui ressemblait à une grotte naturelle. En levant les yeux, elle put apercevoir une cordelette rouge qui se balançait, comme une insulte à la gravité. « Et si tu allais me la chercher ? » Elyon ne répondit pas, observant les prises dans le mur. Si la cordelette était là, quelqu’un l’avait accrochée, donc il était possible d’aller l’en décrocher. Au bout de quelques secondes d’observation, elle ôta sa robe, non pudique, et grimpa le mur comme un vrai chat sauvage, faisant fi de la gravité. Elle crocheta une prise, tendit une main, et alors qu’elle allait toucher la ficelle, elle se rendit compte qu’il s’agissait d’un serpent de roche. Et ce qu’elle devait aller chercher était en fait l’étoffe grise cachée dans la pierre, collée au serpent. Affermissant sa prise, Elyon tendit prudemment la main, se saisit du bout d’étoffe du bout des doigts, et tira. Le serpent jaillit, mais elle avait reculé, aussi vive qu’un chat sauvage, pour s’immobiliser à nouveau. Le serpent se servait des vibrations pour voir. Si elle restait immobile, il ne la verrait pas. Elle attendit qu’il retourne dans son trou, et elle redescendit pour tendre l’étoffe à son examinateur, qui ne marqua pas une once de surprise. « C’est très bien, novice. Allivya ne s’est pas trompée à ton sujet, on dirait. »

▷ LA DISPUTE.
Cette nuit-là, Elyon avait quitté la résidence familiale très tard, à une heure où elle devrait dormir. Elle avait fait le guet au coin d’une rue, vêtue de sombre, une capuche lui cachant le visage, pendant que des Pacificateurs travaillaient à faire elle ne sait quoi. On lui avait juste demandé de faire le guet, et de se manifester si une patrouille arrivait. Une heure trente après son installation, une patrouille s’était engouffrée dans la rue, et Elyon avait miaulé, imitant à la perfection le miaulement caractéristique du chat sauvage des plaines Souffle. Les Pacificateurs s’étaient évaporés comme de la fumée, et elle-même avait décampé, courant agilement sur les toits, restant accroupie pour ne pas se faire voir à cause de la lune. Elle était rentrée très tard, vraiment très tard, et n’avait donc pas dormi, expliquant ses cernes à son père en lui disant qu’elle avait travaillé ses cours théoriques de magie jusqu’à une heure très avancée. Elle était allée en cours comme si elle n’avait rien fait de la nuit, restant normale et ponctuelle. Mais le soir, elle avait explosé, face à un père aussi aveugle que stupide. Ils étaient à table quand l’accident se produisit. « J’ai invité quelqu’un demain soir. » Elyon haussa les épaules, peu concernée. « Vathek Zêtan, un Robe Scribe. Je veux te le présenter. » Sentant le mauvais coup, elle leva les yeux vers son père, le fixant avec une pointe d’hostilité. « Me le présenter ? » Il ne sembla pas saisir l’infime nuance de dangerosité dans sa voix. « Pour qu’il devienne ton fiancé. » Il eut tout juste le temps de finir qu’Elyon s’était levée, renversant la chaise et tapant violemment du plat des mains sur la table, renversant la soupière également, et son contenu se répandit sur la nappe en dentelle qui couvrait la table. « C’est hors de question ! » Ce fut au tour de son père de se redresser, rouge de colère. « Je ne te laisse pas le choix, tu l’épouseras ! » Elyon éclata d’un rire narquois et moqueur qui fit frémir son paternel. « Oh, je n’ai pas le choix, vraiment ? C’est là que vous vous trompez, père, on a toujours le choix, et il suffit de faire le bon. C’est de ma vie qu’il s’agit, et c’est à moi de faire des choix la concernant ! » « Tu es ma fille, c’est à moi de faire les choix ! » Elle tapa à nouveau sur la table. « Ne comptez pas sur moi pour jouer à votre jeu, père ! Si être obséquieux avec tous les Perles que vous croisez ne vous pose pas de soucis, il est hors de question que je fasse la même chose ! Je n’épouserai pas un vieillard de cinquante ans pour servir de tremplin à vos ambitions personnelles ! Si vous voulez vraiment vous élever, épousez-le vous-même, mais ne me mêlez pas à vos plans foireux ! » Il blêmit, dangereusement en colère. Mais pas autant que sa fille, qui avait fait trois nuits blanche d’affilée pour les Pacificateurs. « Maintenant, si vous le permettez, je vais remonter. J’ai encore du travail. Je vous souhaite un bon appétit. Vu que vous semblez vous complaire dans le rôle de toutou des puissants, je doute que vous ayez besoin d’une assiette pour manger ce qu’il y a sur la table. Bonne nuit. » Elle s’inclina roidement devant son père, et quitta la salle à manger pour retourner dans sa chambre. Si ce Scribe venait demain soir, elle sortirait voir les Pacificateurs. S’excuser ? Oh … On verra, on verra.

▷ LE MEURTRE.
Huit mois avaient passé depuis sa rencontre avec l’inconnu, donc six depuis son premier test dans la grotte. D’autres avaient suivi. Elle avait du traverser un lac souterrain où régnait un crocodile des profondeurs, et comprendre qu’elle ne faisait pas parti de sa chaîne alimentaire, donc qu’elle ne risquait rien et que c’était plutôt lui qui avait peur d’elle. Elle avait du aller d’un point à un autre dans le noir complet. Tirer à l’arc. Lancer des poignards. Se battre contre d’autres novices. Courir, sauter, plonger, esquiver, voler, mentir, guetter, sans jamais émettre la moindre protestation ni demander pourquoi. Demander pourquoi n’était pas dans son caractère. Devenir Pacificatrice était son nouvel objectif. Finalement, au bout de tout ce temps, elle fut à nouveau convoquée, et sans poser la moindre question, elle se présenta à l’heure dite et au lieu décidé, où un nouvel homme l’attendait. A chacun de ses tests, ce n’était pas la même personne. Une fois, elle avait eu une femme. Une fois, elle avait eu Ivy, mais un regard sec de la rousse cachée sous sa capuche lui avait fait passer toute envie de la saluer ou de parler de ce qu’il s’était passé cette nuit-là avec elle. « Viens avec moi. » Elyon hocha la tête et suivit l’homme, furtive comme une ombre. Ou plutôt comme un chat sauvage. Ils traversèrent la ville, et se retrouvèrent devant une maison assez pauvre. Elyon leva les yeux vers son nouveau prof, interrogative. « Un Quartz vit ici. Tu sais ce qu’il te reste à faire. » Elle fixa la maison. Ils n’étaient pas dans le quartier Quartz … Donc il s’agissait d’un bâtard, un de ces Quartz qui pensait réellement pouvoir s’intégrer à leur société. Elle attrapa le poignard que lui tendait l’homme, et rentra dans la maison sans faire grincer la porte. L’endroit sentait mauvais. Normal, se dit-elle, vu qu’un Quartz y vit. Cependant, il y avait deux personnes dans la maison. Laquelle des deux était le Quartz ? Pour la première fois depuis qu’elle était entrée chez les Pacificateurs, Elyon hésita. Tuer l’un serait endeuiller l’autre. Et endeuiller d’autres personnes. Pouvait-elle vraiment tuer un être humain ? Caleb aurait-il voulu toute cette souffrance ? Peut-être pas. Et elle, en voulait-elle vraiment, voulait-elle vraiment que d’autres ressentent la douleur qu’elle avait ressenti ? La réponse lui sauta aux yeux, cruelle mais véridique. Oui. Elle voulait les éradiquer. La place d’un Glauque est dans la forêt, pas dans la ville avec les humains. Ce serait comme envoyer un pigeon chez des rossignols et demander aux rossignols de se conduire en pigeons. La prise de ses doigts s’affermit autour du couteau, et elle se dirigea à pas silencieux vers le canapé, pour égorger le Glauque sans le moindre état d’âme. Elle le fixa quelques secondes, s’étonnant de le voir pareil à elle, mais pourtant si différent. Puis elle ressortit de la maison, toujours à pas de loups, pour rendre son poignard à l’homme, qui hocha la tête. « Tu en as mis du temps. » Elyon leva les yeux pour le fixer. Il savait qu’elle avait hésité, l’espace d’un instant, mais il savait aussi qu’elle avait obéi. « Je sais. Mais c’est fait, maintenant. » Ils s’éloignèrent vivement de la maison, et un hurlement féminin appuya la déclaration d’Elyon. Sans rien dire, l’homme la ramena au point de rendez-vous. « Tu as fait tes preuves, apprentie. » Novice, apprentie … Venait-elle de passer un cap ?

▷ prénom/pseudo : Champifeuille, et je n'aime pas trop donner mon prénom, désolée. ▷ âge : 21 ans. ▷ t'habites où ? A Montpellier, dans le sud de la France. ▷ comment as-tu découvert le forum ? Sur Bazzart, par hasard, en cherchant un avatar. ▷ ce que tu en penses : Oh bah, Les Âmes Croisées, et Pierre Bottero quoi. ▷ présence : Je ne sais pas, je cherche du travail en ce moment. ▷ un dernier mot ? Hm non je ne pense pas.