« Mais que s’est-il passé? Eloysia, regarde-moi! » Le souffle accéléré, je décidai enfin de sortir de ma torpeur pour tourner la tête vers mon paternel. J’avais mal au cœur depuis maintenant une semaine, même moment où j’avais convaincu Liyam Taalin qu’il ne voulait pas m’épouser. Je me sentais tellement mal depuis ces sept jours, même ma meilleure amie n’avait pas pu me remonter le moral et on savait tous comment je détestais m’apitoyer sur mon sort. Je devais sortir de chez moi au plus vite, le regard de mon père se voulait si insistant que je cru un instant qu’il essayait de pénétrer mon esprit, chose qu’il ne faisait que très rarement. « Arrêtez. » Soufflais-je, entre mes dents serrées. Mon père connaissait ma façon de voir les choses, il savait très bien que j’aurais d’autant plus convaincre Taalin que j’étais la parfaite future épouse. Mais je ne faisais jamais ce genre de choses alors je me demandais comment il pouvait imaginer que je m’abaisserais à ce genre de chose. « Alors explique-moi! Je ne comprends pas, il est un bon garçon… Tu aurais pu… » « Oui c’est ça, j’aurais pu! » Le coupais-je rapidement. Je me levai du canapé pour lui faire face. Je ne me reconnaissait plus, j’avais toujours écouter les paroles de mes aînés, surtout celles de mon père qui était un modèle pour moi. « Je suis désolée père si je vous fais honte, mais il me semble que vous m’avez élever de sorte que personne ne peut décider du futur d’autrui. » Là, c’était moi qui le coupais, en quelque sorte. Je le vis baisser le regard et nous savions tous les deux que j’avais entièrement raison.

J’en avais absolument rien à faire que ce mariage soit « utile » pour nos deux familles. Que c’était quelque chose qui « allait de soit » sous prétexte que nous étions de bons partis. Je ne voulais pas m’imposer à quiconque sans qu’il ne prenne la décision. Mais surtout, je n’avais pas non plus envie qu’on m’empêche une fois pour toute de décider de mon libre arbitre. Je revoyais le visage de ma meilleure amie qui semblait attristée de me voir atterrée de la sorte, je n’avais aucune idée de la raison de mon désespoir soudain. Je venais de vous expliquer les choix qui m’avaient poussé à obliger Liyam à refuser notre union. Alors je ne comprenais pas pourquoi une partie de moi éprouvait un grand mal à songer que nous aurions pu être heureux. Que même si le choix ne nous était pas donné au départ, un amour pouvait néanmoins se former. Je fermai les prunelles, durement et les rouvris aussitôt en agrippant ma cape. Je devais prendre l’air, essayé de voir plus clair dans mes idées. Je n’avais aucune idée où me diriger, la seule chose qui me restait dans l’esprit c’était de marcher, tout simplement. Des gens m’auscultaient comme j’avais tant l’habitude de le faire, pourtant c’était à leur tour. Je ne comprenais pas ce qu’il leur prenait, je ne croyais pas avoir quelque chose sur le visage. Je finis par me rendre au point mort si on peut dire, accrochée à la rambarde le vent balayait mes cheveux. Je dévalai le premier palier d’escalier pour m’arrêter à une sorte de balcon observatoire et je fermai les yeux, ressentant tout simplement le vent contre mon visage. Si ce n’était pas prendre l’air ça… J’étais loin de m’imaginer que je rencontrerais celui qui hantait mon esprit depuis une semaine et je devais avouer que je n’étais pas préparée. Son visage, il apparaissait déjà dès que je fermais les prunelles et je me mis à sourire simplement, appréciant le court moment de calme.

Liyam jeta un regard au jeune homme qu'il venait de mettre à terre, un regard inexpressif. L'Armure lut sur le visage du garçon tout le désappointement qu'il ressentait à ce moment-là. Il s'empêcha de sourire avant de patienter le temps que son "adversaire" se remette debout. Liyam ne testait pas les capacités physiques de l'Aspirant Armure, non, il voulait voir sa résistance, sa volonté. Et il devait s'avouer qu'il était fait pour être Armure. Une dizaine de fois il était tombé, et à chaque fois, il s'était relevé. Plus les jours passaient, plus il changeait, plus il se renforçait, mais pour l'instant, il n'arrivait pas à battre Liyam et n'y arriverait sans doute pas avant un bon mois, voir deux. D'un léger signe de tête, Liyam fit comprendre à l'aspirant que l'entraînement était fini. Pour Liyam, car lui devrait s'entraîner jusqu'au soir. Avec un léger rire, il croisa le regard de ses frères et soeurs d'armes qui l'observaient. Ceux-ci se détournèrent finalement tandis que le jeune homme se dirigeait vers les douches. La chaleur était suffocante et il se sentait sale, il avait avalé de la poussière et s'en sentait couvert. C'était désagréable. De l'eau bien froide ne pouvait pas lui faire du mal. Dix minutes plus tard, il ressortit des douches, trempés, et se dirigea vers sa chambre. Simple pièce contenant un lit, une table et une chaise ainsi qu'une armoire qui servait à ranger son Armure. Avec un froncement de sourcil, Liyam ne put s'empêcher qu'il fallait qu'il recharge Talyah, aussi se décida t-il à aller faire un tour dans la ville histoire d'être au soleil. Talyah sur lui, il ne pouvait pas avoir chaud, ni froid d'ailleurs, elle lui fournirait la température idéale.

Il sortit du Donjo à pied, essuyant quelques regards curieux qu'il ignora. Très peu de monde entrait dans le Donjo, et la plupat du temps, ce n'était que des Historiens. Liyam s'entendait généralement bien avec tous les Historiens, il avait beau être une Armure, il n'en était pas moins intelligents, et si la robe des Historiens l'avait un jour tentée, il avait choisi celle de revêtir l'Armure. Sortir du Donjo signifiait aussi s'évader un peu, penser à autre chose qu'à l'entraînement ou aux futures missions. Et la première chose à laquelle Liyam pensait, c'était à sa famille. Les Taalin, respectés et aimés. Chose dont le jeune homme n'était pas peu fier. Son nom était connu de tous. Et dire qu'il avait failli s'allier avec les Rivoir. Liyam fronça les sourcils, il ne se rappelait plus de pourquoi cela ne s'était pas fait. On lui avait dit que c'était lui qui avait refusé cela. D'un côté, c'était étonnant, car même si Liyam était capable de refuser un mariage, il l'aurait fait pour son père, surtout que la femme qu'on lui avait promise lui plaisait. Du moins, il le ressentait. Cette partie courte de sa vie restait étonnement floue pour lui. Sans doute parce que cela ne l'avait pas beaucoup préocupé. Liyam se dirigea vers la ville Cendre. Il ne craignait pas d'y aller, c'était une Armure, et puis, ne murmurait-on pas que sa mère était une Cendre? Le jeune homme préférait ignorer ces murmures. Son père lui avait dit que sa mère venait de PortLahn et Liyam préférait croire cela plutôt qu'elle fut bien une Cendre. Il n'avait rien contre les Cendres, ni contre les Quartz, mais quand même. L'ordre des Castes ne pouvaient pas être bouleversés. Les Armures avaient beau ne pas recourrir aux services des Cendres, Liyam avait quand même été élevé au milieu des Cendres qui le servait.

Arrivé près de l'Escalier des Mille, Liyam s'arrêta un bref instant, avant d'observer en bas, la ville Cendre qui s'offre à son regard. Le vent siffle à ses oreilles tandis que la voix de Talyah retentit dans son esprit, lui indiquant la force du vent. Il n'en a rien à faire, mais, on ne discute pas avec une Armure, donc Liyam ignore. Enfin, il remarqua une jeune femme qu'il connaissait. Eloysia Rivoir. Qu'il aurait du épousée. Il resta un bref instant à la regarder avant de sourire. Ses longues mèches brunes étaient emportées par le vent tandis qu'elle fermait les yeux en souriant. L'envie de s'approcher fut trop forte, trop tentante pour qu'il cherchât à résister. Alors, il s'approcha simplement.

« Bonjour... » Il se retint de faire remarquer que la journée était belle et autres bêtises de ce genre. Liyam voulait d'abord voir la réaction de la jeune femme. C'était une Armure, et il savait lire dans le regard des gens, décrypter leurs comportements. Même si il avait l'impression de l'avoir dérangée, peu lui importait. Elle était là, devant lui, et il y avait beaucoup de chose que Liyam voulait savoir sur elle. Pourquoi? Il l'ignorait, mais peu lui importait. Il ne sortait pas souvent du Donjo, et il comptait profiter de ce moment de liberté.