Douleur…peine…froid…l’esprit encore embrumé par l’alcool, je reprenais peu a peu possession de mon corps, je me souvenais plus de rien, seul quelque bribe de souvenir me revenait, mais je n’arrivais pas à me concentrer et je ne voulais pas, je sentais déjà un mal de tète monter cela suffisait comme sa.

J’essayais de savoir où je me trouvais, mais encore trop alcoolisé cela me prit un certain temps, j’étais allongé… sur quelque chose de confortable, une agréable chaleur régnait autour de moi… dans une maison, où se trouvait un bon feu que j’entendais crépiter au loin. J’avais mal encore mais cela restait supportable, comment cela était arrivé, une fois de plus le trou noir dans ma mémoire.

Je ne sais combien de temps passa, lorsque je sentis que quelque chose, enfin certainement quelqu’un me bouger et fouiller dans mes poches, je décidais donc d’ouvrir les yeux… penché au dessus de moi un homme dans la force de l’âge, un capuchon pendait derrière lui, je ne connaissais pas cet homme… qui était il ? Que faisait-il ici ? Trop de questions… mon crâne me faisait mal.

Quand il s’aperçut que je l’observais il se relevât brusquement, ce qui provoqua une affreuse douleur dans mes flancs, l’homme prit la parole d’une voie douce et amicale, ce qui ne m’était pas habituel « Eh bien ! Vous voilà enfin réveillé ! Vous pouvez remercier Kaïa. Quelle chance avez-vous eue qu’un perle trébuche sur vous, car les cendres vous auraient laissé pour mort ! Je suis Jasson Parlevent Junior, et vous êtes ici chez moi. »

Kaïa ? Que venais faire ici la déesse, cet homme m’avais donc recueillit, car il m’avait trouvé gisant dans la rue, et il m’avait ramené chez lui, c’était un perle tout comme moi et son nom était Jasson, à vrai dire cela m’importait peu, mon esprit était encore tout troublé…

Il attendait là, face à moi attendant certainement une réponse, que mon cerveau lent ne pouvait encore formuler…

Il attendit, patiemment, sans dire un mot, le temps semblait s’être arrêté… soudain une vielle femme certainement une servante entra dans la pièce et alla lui parler, il la suivit lorsqu’elle repartit, et je lui dis tout bas, je ne sais si il l’entendit « Merci… »

Alors que je fermais les yeux, le souvenir de mon père refit surface et soudain pris de panique et encore sous l’effet de la boisson, je me levais, et sans tenir compte de la douleur qui m’assaillait de toute part, je pris la direction de ce qui me semblait être une porte, je ne discernais pas bien les alentours, pendant que je titubais lentement, je me pris le pied dans quelque chose de dur, ce qui me fis trébucher, alors que je tombais lourdement j’entendis un bruit de fracas, comme du verre brisé…et tandis que je m’effondrais sur le sol, je perdis à nouveau conscience…

Elyn avait du travail. Et cela en trop grande quantité pour se permettre une joute verbale qui serait interminable. A-t-on vu d'ailleurs deux camps opposés se serrer la main en plein milieu de l'affrontement, avouez leur tord respectifs et s'en retourner de là où ils venaient sans un mot? L'histoire répondait par la négative, tachant de sang, de sueur et de maux ceux qui avait défendu leur vérité. Elle préférait baisser les armes maintenant; elle avait livré sa pensée sans en regretter le moindre mot, car elle pensait qu'il était de son devoir d'écarter quiconque voudrait ternir la réputation de la taverne. Elle essuyait donc les verres, sans perdre de vue son adversaire perle, qui reprenait la parole.« Et bien puisque vous vous plaignez de mon travail jeune fille, sachez que je fais toujours mon maximum, même pour ce quartier là, je suis un homme intègre et.... » Elle l'observait mais n'écoutait déjà plus ses mots. Elle savait déjà ceux qu'il emploierait. Chacun se doit de sauver son honneur. Surtout lorsque l'on a décrété que l'on valait mieux que d'autres. Elle le regardait s'en aller, distraite par son activité. Certes, elle pouvait rougir d'être au service de la beuverie des cendres, plus qu'au service de leur épanouissement civique et social. Mais il est vrai encore que cela ne l'empêchait pas d'avoir des idées et des principes, et de les défendre.
Une dernière provocation extirpa la jeune cendre de sa réflexion..« En ce qui concerne les étrangers, pourquoi ferais je des efforts pour accueillir ces parasites ? » Elyn ne put paraitre insensible à cette remarque et jeta violemment dans l'évier le verre qu'elle tenait à la main, avant de s'appuyer sur le comptoir. Ses clients, certainement attendris par cette passion, essayèrent de la calmer par des phrases drôles et rassurantes. Elle sourit finalement, avant de reprendre son travail.
La jeune femme se sentait entre deux mondes, n'étant à l'aise ni dans celui où elle vivait, ni dans cet autre dont elle rêvait. Les perles étaient-il tous arrogants et intolérants ? Pourquoi son cœur l'appelait-il depuis toujours à vivre en haut de l'escalier des milles, si elle ne pouvait y trouver la paix, le savoir et le respect ? Elle cherchait en vain les raisons d'un tel pressentiment, d'un tel désir de vivre auprès des grands quand elle remarqua que la taverne s'était quelque peu vidée depuis le départ de ce cher hôte. Lui avait fait-il perdre autant de temps que d'argent ? Elle ne savait dire si les raisons de ce départ étaient dû au simple fait que les estomacs s'étaient remplis ou s'il s'agissait d'un quelconque soutient aux idées de l'ingénieur.

Le service de midi était terminé et l'après-midi s'annonçait beaucoup plus calme. La jeune femme pût s'entretenir avec ses parents des évènements récents, répondant à l'une que son désir de travailler pour une perle était intact, et esquivant les foudres de l'autre au sujet des Quartz. Si Elyn les aimait beaucoup, il est vrai qu'elle ne trouvait pas chez ses parents l'aide et l'encouragement qu'elle était en droit d'attendre d'eux. Elle s'en lamentait intérieurement quand un homme vêtu d'une cape sur laquelle on pouvait aisément distinguer l'écusson de la cité entra dans la taverne. L'homme semblait essoufflé, et la jeune femme lui proposa de s'asseoir quelque instant, le temps qu'elle lui serve une boisson rafraichissante. « Je suis désolée mademoiselle, mais je suis en service. On m'envoie de la ville Perle, chercher une certaine Elyn. » La jeune femme se présenta, inquiète. Elle servit tout de même le verre qu'on lui avait refusé. «Ce n'est pas très loin d'ici, mais j'ai ordre que nous partions de suite.» « Buvez ceci, le temps que je prévienne de mon départ.» Une fois l'affaire réglée, ils se mirent tout deux en route. La jeune femme progressant rapidement dans la ville Cendre, se posait mille questions. Aurait-elle des problèmes à cause de son accrochage avec le jeune ingénieur ? «Qui vous envoie ?» «Un homme, un prêtre. Le fils Parlevent.» Ce nom disait vaguement quelque chose à la jeune serveuse. Une histoire de prêtrise mêlée aux Pacificateurs, d'après ce qui lui revenait en mémoire. Pour autant, elle n'avait jamais rencontré cette personne - père ou fils.

La réponse ne lui suffisait pas. Elle aurait voulu s'avoir pour quel motif on pouvait bien la convoquer dans la ville Perle. Qu'est ce que j'ai bien pu faire ? C'est pas croyable de s'attirer des emmerdements comme ça. Tu peux pas garder tes idées pour toi, non! Faut que tu ailles répondre à une tête de nœud de perle! Comme ça tu t'énerves, et y'a un prêtre qui vient te faire la morale ! Sous prétexte qu'ils étudient, causent avec Kaia dans un monologue sans fin, ils se croient permis de tout aussi ceux-là ! Bon, calme-toi.. Ca n'a surement rien avoir avec cette histoire... Mais pourquoi un prêtre d'abord ?
Il est vrai que la jeune femme n'était pas une très grande fervente en ce qui concernait le culte de Kaia. Elle aimait son Festival, mais ne connaissait sa place face à cette grande question qu'était la religion. Si cela l'intéressait, elle n'avait jamais trouvé le guide attentif qui lui aurait permis de passer outre une première approche, familiale, dogmatique.

Arrivée en haut de l'escalier, la jeune femme redécouvrit la ville Perle et ses architectures superbes, innovantes et fantastiques. Les rues étaient pavées et propres, et les gens si joliment vêtus, que la jeune femme eût honte de sa tenue de tavernière. La jupe rousse et sa chemise blanche, tenue par un gilet à lacet noir contrastait avec les riches redingotes des messieurs et les beaux décolletés des dames. De l'escarcelle qu'elle tenait à la ceinture, s'échappait des bruits de pièces métalliques, qui faisait retourner les perles sur son passage, sans quoi il ne l'eut même pas remarqué.
Rapidement, le messager et son colis arrivèrent à bon port : une maison simple mais parfaitement entretenue, venait s'implanter face aux constructions grandioses qui l'entourait. Cela n'arrivait pas à lui enlever son charme, bien au contraire. La jeune femme n'eut pas le temps d'observer plus longtemps le bâtit, car un bruit de verre brisé l'arracha à sa contemplation. Un homme était allongé là de tout son long devant la porte d'entrée. Elyn et le messager se précipitèrent pour lui porter secours, mais elle n'était déjà plus consciente. Le messager prit l'individu dans ses bras avant de rentrer. La jeune femme hésita un instant avant de le suivre. Après tout, elle ne savait même pas où elle se trouvait. Elle jeta un premier coup d'œil à l'intérieur avant de se décider. Seul le messager et l'inconnu étaient à l'intérieur. Elle entra à son tour, intimidée.

Soudain, elle reconnu le visage de celui qu'elle avait secouru. «Qu'est ce qu'il fait ici celui là ?!» s'exclama-t-elle, surprise. Elle regardait celui qui l'avait amené jusque là, cherchant quelque réponse auprès de lui. On lui répondit d'un haussement d'épaule.

Et moi aussi, qu'est ce que je fais là...
Désintéressé de la situation du jeune ingénieur, elle partit s'asseoir sur le fauteuil qui se trouvait près d'elle, la tête dans ses mains.

We have become what we have feared
Being one with this world.

Lorsque j’étais petit, père me répétait souvent que la robe prêtre avait été crée pour transmettre aux hommes la bonté de Kaïa. Il disait que les hommes étaient belliqueux, égoïstes, assoiffés de pouvoir, prêts à s’entretuer pour l’amour d’une femme, mais que, dans les instants les plus sombres, quelque part, une lumière se mettait à briller. Toujours… Je me souviens que lorsqu’il prononçait ce dernier mot, son regard plongeait en moi comme pour graver en moi ce qu’il venait de dire… Si je me remémore ceci aujourd’hui, peut-être est-ce qu’il avait effectivement réussi. Oui, il se peut bien que nous prêtre vivions pour cela. Transmettre la bonté de notre déesse à la race Jurilan. Cela semblait juste. Aussi cet homme se trouvait-il ici, sur mon divan, et je lui offrais ma miséricorde. Quoi qu’il puisse être, quels que fussent ses actes. J’endossais donc le rôle d’un hôte aujourd’hui ; que Kaïa me pardonne, je ne pourrais assurer ma fonction.

Il s’était réveillé et je m’étais présenté à lui. Je devinais dans son regard mille questions, mais je choisis de ne répondre qu’au plus pressantes. Je tâchais de chasser la crainte et la perplexité de son cœur, et d’un sourire rassurant, je quittais la pièce. Un remerciement qui tenait plus du murmure qu’autre chose atteint mes oreilles alors que je passais l’encadrement de la porte, et je souris. Il n’y a rien à remercier, rien à pardonner ; on ne remercie que des gestes inhabituels, et on ne pardonne que des péchés. Je quittais le salon pour aller dans la cuisine, laissait mon invité reprendre ses esprits pendant que je nous préparais trois infusions de doussamère. Une pour lui, une pour Elyn, et une pour moi évidemment, car je ne doutais pas que la jeune femme vienne jusqu’ici. J’espérais qu’une fois ici, elle ne prendrait pas la mouche et se lancerait dans de nouveaux débats avec le jeune homme ici présent. La jeunesse était d’une telle fougue, et je jugeais que tant que chaque parti ne comprenait pas qu’il y avait du vrai dans les deux camps, on n’arriverait jamais à une conclusion véritable. Soupir ; j’aurais souhaité que Kaïa fasse de ce monde simplicité, plutôt que d’en faire un labyrinthe retors dont les murs étaient en constant mouvement.

Cependant, sourire. Malin sourire. J’avais décidé que je pousserais Elyn à travailler pour mon hôte ; pourquoi ? Il me semblait que Kaïa m’en donnait l’ordre, et j’avais l’intime conviction que cela rendrait service à chacun d’eux. Je devinais en ce jeune homme un cœur meurtri, perdu, beaucoup de haine et de colère. A son contact, Elyn comprendrait que les perles ne sont pas ce qu’ils prétendent être. A son contact, elle côtoierait la sombre vérité ; les cendres n’étaient pas moins intelligents que les perles, pas moins bons, ni moins aptes à régner. Manipulés depuis tant de générations, on voulait leur faire croire qu’il ne pouvait rien. Mais les cendres étaient multitude, et s’ils venaient à se rebeller, ce serait la fin de cet ordre. A son contact, le jeune homme apprendrait à reconnaître la valeur des cendres. A son contact, il trouverait peut-être un peu de sérénité, l’eau glacée qui éteindrait le feu de sa colère, et tous ses autres maux. D’aucuns auraient considérés mon entreprise comme de la manipulation, mais je préférais y voir un acte divin. Peut-être qu’au fond, c’était foncièrement semblable, mais peu m’importait à vrai dire. Je ne faisais que ce que je jugeait bon, et il est dans mes droits de croire qu’ai bien plus de bon sens qu’Elyn et mon hôte rassemblés.

Plateau en main, je retournais au salon pour m’occuper du pauvre blessé qui était allongé sur mon sofa. Lorsque je retraversais l’encadrement de la porte de la pièce, je constatais d’emblée qu’il n’était plus là. Un regard circulaire pour inspecter la pièce. Je fronçais les sourcils. Où était-il bien passé ? Je traversais toute la pièce pour accéder à l’entrée de ma demeure, et j’y trouvais mon hôte et deux personnes de plus. J’avais fait quêter Elyn, et elle était là avec mon messager. Sourire. J’avais bien évidemment constaté que le vase qui se situait près de ma porte d’entrée était brisé, et que mon invité était affalé par terre, mais j’étais quelqu’un qu’on disait bon vivant. Où peut-être étais-je juste satisfait d’avoir enfin Elyn face à moi.

« Ah, vous voilà ! Vous avez pris un certain temps, à tel point que ce jeune homme faillit s’échapper, mais qu’importe ! Les infusions sont prêtes, et il ne quittera pas demeure tant que je ne lui en donnerai pas la permission. »

J’avais conscience que ma tirade me faisait passer plus pour un geôlier que pour un hôte, mais je m’amusais follement à contrôler les présents évènements.

« Je vous en prie, entrez ! Wellan, aurez-vous l’obligeance de transporter ce jeune homme dans mon salon, de nouveau… Je crois qu’il est quelque peu désorienté. »

Sourire, toujours sourire. Car s’il ne le faisait pas lui, qui le ferait à sa place ?

Elyn était abasourdie. Un messager était venu la quérir alors qu'elle travaillait, le cœur et les idées remués par un vif échange avec une perle, qui avait eut lui à l'heure de midi. Elle l'avait suivit à travers les rues d'AnkNor, et lorsqu'ils étaient arrivés à destination, un corps les attendait sur le pas de la porte. Elle se demandait un instant s'il ne s'agissait pas de son hôte, quoi que ses vêtements ne semblaient pas concorder avec la fonction de prêtre qui était censé lui sied. Le messager portait dans ses bras l'homme évanoui dont Elyn n'arrivait pas à distinguer le visage. Tout deux hésitaient, ils se sentaient intrus et maladroit, impuissant malgré l'attention qu'il venait de porter à cette homme.

« Ah, vous voilà ! Vous avez pris un certain temps, à tel point que ce jeune homme faillit s’échapper, mais qu’importe ! Les infusions sont prêtes, et il ne quittera pas demeure tant que je ne lui en donnerai pas la permission. »

Elyn crut se tromper. Elle avait reconnu cette voix ; celle qui l'avait tant rassuré en haut des remparts. Celle dont les paroles s'étaient répondues en bonté et en justesse. Cette homme lui avait permis d'admirer AnkNor depuis les hauteurs de la ville, comme elle le souhaitait depuis longtemps déjà. Il s'était rencontré il y a peu, et l'espace d'une heure à peine, si ce n'est moins. Mais la jeune serveuse avait vu en lui un potentiel allié dans sa quête du monde Perle. Ils n'avaient pourtant pas échangé beaucoup de mots lors de leur rencontre, mais il y a des pressentiments qui ne s'expliquent pas.
Jasson se trouvait donc ici. Et la jolie serveuse se trouvait à son domicile, qu'il avait effectivement décrit comme très simple face au faste des demeures Perles.. Elle était surprise de retrouver celui qu'elle supposait armure dans de telles circonstances. Elle l'avait pourtant convié à la Gouse d'Ail, mais peut-être qu'il n'avait pas pu venir et avait préféré l'invité chez lui. D'après ses propos, il s'occupait de l'homme que la demoiselle et son guide venaient de retrouver. Elyn se dit qu'il devait tenir à cet individu pour insister ainsi à le garder auprès de lui.

« Je vous en prie, entrez ! Wellan, aurez-vous l’obligeance de transporter ce jeune homme dans mon salon, de nouveau… Je crois qu’il est quelque peu désorienté. »

Elyn n'osait pas le regarder, encore moins rentrer dans sa demeure. Elle était portée par un sentiment de timidité. D'une certaine manière, elle avait l'impression d'entrer dans son intimité, dans ce qui constituait une partie de sa vie. Elle suivit tout de même le messager, chargé de sa charge humaine, qu'il déposa sur le divan comme l'avait demandé Jasson .
C'est à cet instant qu'elle le vit.
D'abord, l'étonnement. L'incompréhension même. Le mythe du héro à la fière allure et doux malgré ses blessures venait de s'effondrer. Sa tenue ne pouvait être confondue, et elle comprenait aujourd'hui qu'elle avait complètement fantasmé sur la fonction de cet homme. Aussi sûr qu'elle était une femme, Il était prêtre. C'était donc lui qui avait demandé à ce qu'elle soit présente. Elle ne bougeait pas, mais le scrutait attentivement «Il n'est pas le seul... »

Lorsque ses jambes lui accordèrent le droit d'avancer, elle se dirigea plus prêt de celui qui tout comme elle, ne devait certainement pas savoir où il se trouvait et pourquoi. Se penchant un peu au dessus de lui, elle le reconnut. . «Qu'est ce qu'il fait ici celui là ?!» Les mots s'étaient échappés sans qu'elle puisse les retenir. Son incompréhension était la plus totale. Elle ne regardait plus le prêtre, ni même cette homme qui lui inspirait un profond dégout. Elle décidait de s'asseoir, chamboulé par aussi peu d'informations dans ce capharnaüm. La tête entre les mains, elle révéla ce qu'elle n'avait cessé de se demander. «Pourquoi est-ce que vous m'avez demandé? Je ne comprends rien là...» Elle avait levé les yeux vers le prêtre attendant une réponse. Elle n'était pas très rassuré, dans cette maison et dans cette ville qu'elle ne connaissait pas. Certes, le prêtre - et cette découverte l'étonnait toujours autant - avait l'air au petit soin pour ses hôtes, mais elle avait appris en grandissant qu'elle devait se méfier.

If you want it.

J’avais beau tenter, je ne pouvais m’empêcher de sourire. La situation n’avait rien de comique, j’en étais conscient, mais j’étais à la fois ravi et amusé. Ravi de revoir la ravissante rencontre qui ravivait ma vigueur passée et ravie par le temps, et amusé d’être le maître comédien médiateur de ce moment merveilleux. Sourire, encore, sourire, trop longtemps. Je passais ma main devant mon visage comme pour lui ordonner de reprendre sa forme détendue. Enfin… Mes yeux brillaient, et j’espérais ne pas laisser trop transparaître ce que je ressentais. Quel hôte aurais-je fait ? Un hôte indigne, puisqu’un homme blessé au visage s’était évanoui en ma maison, et une jeune cendre découvrait pour la première fois le quartier. Elle devait être apeurée… En parlant d’elle, il me semblait maintenant que ce n’était que juste chose qu’elle entre dans la partie la plus noble, la plus riche, la plus lumineuse d’AnkNor ; après l’avoir laissée observer les legs des Anciens du haut des remparts, il m’incombait de lui faire traverser l’escalier des milles et de lui laisser observer les mille merveilles qui siégeaient ici. Si ma maison n’avait aucun prestige, personne n’aurait pu dire nier le charme des constructions diverses du quartier perle. Elyn était perplexe, un idiot l’aurait compris. En même temps, j’avais toutes les cartes en main, et elle, aucune. Elle ne savait rien sur les buts et causes de sa présence, et comprenait sûrement encore moins ce que son adversaire de joute verbale du jour faisait ici. Timidement, elle suivit l’homme qui travaillait pour moi et pénétra dans ma demeure.

« Il n'est pas le seul... »
Je souriais pour m’empêcher de rire, et décidais de la laisser cogiter un peu encore avant de lui délivrer deux trois détails. Prêtre depuis si longtemps, je me surprenais aujourd’hui à être joueur, bien que j’eus toujours aimé le défi. Je laissais mes invités au soin de mon messager Wellan le temps que je prépare une compresse au jeune perle évanoui. Le pauvre, il avait l’air sérieusement touché. Peut-être aurais-je du faire plus attention à lui, mais Kaïa savait que je n’avais aucune mauvaise intention. Lorsque je revins dans la pièce, la confusion de mon hôte éveillée ne paraissait que plus grande. Penchée sur l’ingénieur, elle marmonnait des paroles d’incompréhension, qui n’était on ne peut plus légitime. Qu’importe, elle saurait bientôt, et j’espérais qu’elle m’en serait reconnaissante. Je l’écartais légèrement de son « ennemi » en posant ma main sur le haut de l’épaule et appliquais la compresse sur le front de l’évanoui. Souriant, plus légèrement, d’une manière plus conciliante désormais, je regardais Elyn s’asseoir, se prendre la tête entre les mains, tenter d’imposer l’ordre au chaos qui dansait dans son âme. « Pourquoi est-ce que vous m'avez demandé? Je ne comprends rien là... » « Allons allons… Calmez-vous petite. Je ne suis pas sans savoir la petite scène qui eut lieu ce midi dans votre établissement, et c’est justement ce qui vous amène ici. J’ai… quelque projet pour vous. » Clin d’œil amusé. « Abordons vos ambitions que je fais miennes pendant qu’il dort encore, le voulez-vous ? » Je lui adressais un sourire rassurant et fis un signe à Wellan pour qu’il lui apport la tasse de doussamère que je lui avais préparée. Cela ne pouvait lui faire de mal. Je m’asseyais dans un fauteuil face à elle et congédiais de même mon messager.

« Je ne suis pas aveugle Elyn. Kaïa m’a enseigné à lire dans les yeux les plus sombres, et dans les votre brillent plus que clairement vos espoirs et vos rêves. Je ne suis qu’un prêtre, et mon pouvoir est nul même au sein de ma caste, mais j’ai la folie de croire que j’ai un certain pouvoir de persuasion. Le jeune homme ici présent est jeune perle, et ingénieur qui plus est, comme vous le savez déjà. Je doute qu’il soit issu d’une famille de haute renommée, au vu de sa caste, et je doute de la même manière qu’il ait beaucoup de cendres à ses services. Si vous tenez suffisamment à travailler pour l’un d’eux, acceptez de faire une croix sur votre différent, sur ce qu’il pense, car aucun perle ne saurait montrer un avis plus noble sur les cendres, je le crains. Ouvrez les yeux, avalez votre colère et ouvrez bien grand les oreilles : je vous offre de vous élever socialement ; dissociez travail et émotions, ou faites une croix sur ce que vous désirez. »

J’avais parlé sérieusement, sans parler méchamment. C’était un peu rapide, mais désormais la balle était dans son camp.